En Chine avec Tintin

À l’occasion de l’anniversaire de Tintin et de la sortie de l’album en version colorisée, le Musée Hergé propose à ses visiteurs une nouvelle exposition temporaire, sur le thème du Lotus bleu !

« La rencontre de Tchang, en 1934 à Bruxelles, fut, on le sait, un événement considérable dans la vie d’Hergé. Il perçut à ce moment que « les autres » ne seraient plus de simples figurants pour Tintin. L’étranger devint un ami. Tchang ne représenta pas n’importe quelle altérité. Il ouvrit l’art d’Hergé aux flux du pinceau chinois. Sans Tchang et son art des flux, la ligne claire eût pu devenir une ligne trop dure, une ligne d’acier. »

Pierre Sterckx. L’Art d’Hergé, Éditions Moulinsart, 2016

En 1934, Hergé fait la connaissance de Tchang Tchong-Jen, un jeune Chinois étudiant aux Beaux-Arts de Bruxelles. Pour les deux artistes, cette rencontre culturelle entre l’Orient et l’Occident est une formidable ouverture sur le monde mais aussi et surtout, le début d’une belle amitié. Leur complicité est telle qu’elle se prolonge sur le papier pour donner naissance à une nouvelle aventure de Tintin. Mais une aventure plus sensible et plus humaine que les précédentes, car placée sous le signe de la fraternité qui se crée entre Tintin et Tchang.

L’album noir et blanc paraît en 1936, année durant laquelle Charles Lesne (directeur éditorial chez Casterman) invite Hergé à « entrer dans une voie nouvelle : celle de la couleur ». Mais ce dernier hésite car, « le trait constitue la véritable ossature » de son style. Après réflexion – et de nombreuses discussions –, Hergé se laisser convaincre et franchit le cap en 1942 avec l’album L’Étoile mystérieuse. Les 4 précédents albums (à l’exception de Tintin au pays des Soviets), quant à eux, font l’objet d’une adaptation. Face à la pénurie de papier liée à la guerre, l’éditeur tournaisien est contraint de réduire significativement le nombre de pages par album. Dès lors, les albums comporteront 64 pages.

À partir de 1945, Hergé, aidé de Jacobs, s’attelle à la mise au format du Lotus bleu, qui subit ainsi des modifications de cadrage et de découpage. Un travail d’orfèvre puisque le récit doit conserver son rythme et sa fluidité. Pour la mise en couleur, Hergé opte pour des couleurs unies qui ont, selon lui, le mérite de la simplicité et de la lisibilité afin de préserver la clarté de son oeuvre. Ainsi, sauf quelques rares exceptions, les teintes sont appliquées en aplats, c’est-à-dire en ne tenant compte ni des ombres ni des dégradés.

Le Lotus bleu, une aventure et un travail artistique hauts en couleurs, à (re)découvrir au travers de planches originales, de documents anciens et de photographies issus des archives d’Hergé.

Textes et images © Hergé / Tintinimaginatio – 2024